Les brioches Pasquier ont bloqué la marque « Pitch » en France.

Le « pitch » fait pourtant partie intégrante d’un patrimoine mondial.

Ayant tenté de déposer la marque « PitchParties », nous avons eu recours aux services d’une fantastique avocate, qui a tout fait pour nous aider mais non, rien n’y fait : l’INPI joue un rôle de juge et partie particulièrement douteux.

D’un côté ils sont supposés se porter garants d’une certaine légitimité du droit des marques, mais de l’autre leur prospérité dépend des sommes importantes que leur octroient des groupes comme Pasquier.

Or ils vendent des brioches mais ont bloqué la marque dans les classes bizarrement éloignées de l’alimentaire. Des classes qui nous concernent, qui vous concernent : la formation notamment. Sic.

C’est une aberration à plus d’un titre : non seulement ils n’ont pas à bloquer la marque dans notre écosystème, mais par dessus le marché, il s’agit d’un vocable dont il est aisé de démontrer l’usage dans le langage quotidien.

Il y aura toujours les tenants d’une langue 100% française : par pitié, ne m’amenez pas sur ce terrain, car je comprends (par anticipation) votre point, à de nombreuses occasions c’est un débat animé sur Linkedin et ailleurs, car beaucoup ne supportent plus l’invasion d’anglicismes dans la langue française – mais là n’est pas le sujet.

Pour comprendre : c’est un peu comme si un fabricant de brioches avait déposé « blockchain » : ennuyeux non ? Pire, ils auraient pu déposer « digital » sous prétexte qu’on mange les brioches avec les doigts.

On peut raisonnablement affirmer que les termes anglais, depuis « marketing » et « business », ont gagné la bataille d’une certaine fluidité dans les vocables consensuels pour que l’on puisse se comprendre à l’international et utiliser un référentiel pratique et commun.

Je souligne au passage que les termes « Pitch », ainsi que « Pitcher » sont bel et bien dans le dictionnaire le Grand Robert.

C’est une catastrophe discrète et quasi orpheline d’indignation puisque je sais bien qu’il y a des sujets plus graves : pourtant, pour les entrepreneurs, pour les formateurs, et tant d’autres, c’est un signe inquiétant. Il suffit qu’un groupe puissant bloque massivement un terme pourtant patrimoine du langage courant au quotidien, pour que l’INPI l’avalise trop facilement étant données ses propres contraintes économiques : ici, l’ambiguïté liée au caractère émergent de la discipline a été surexploitée. Et c’est quelque part, un vrai problème – car le terme « Pitch » est très difficile à remplacer (cf pour celles et ceux ayant suivi mes ateliers et pour qui j’ai déroulé la très riche histoire du terme, qui est aussi bien installé en business que synopsis au cinéma).

Alors voilà, je n’ai même pas envie de me battre.

Je suis perplexe, atterré : l’impression d’une immense injustice. Quand je suis en colère, je me prends à penser que la gouvernance en ce domaine, et en tout cas dans cet exemple, est digne d’une république bananière.

Il est important néanmoins que les entrepreneurs sachent que notre patrimoine immatériel peut être ainsi menacé par la puissance de l’argent : car c’est bien de cela dont il est question.

Car rien n’empêchait le groupe Pasquier de rester raisonnable et de bloquer sa marque dans la classe alimentaire.

Au lieu de cela, il ont été jusqu’à refuser une coexistence amiable de nos marques, ce qui est pourtant monnaie courante.

La marque « Pitch Parties » est donc illégale. Comme mes collègues ayant été boutés de l’école du Pitch, avec qui j’aurai trouvé normal de coexister pacifiquement.

Si donc nous sommes nombreux à partager notre indignation nous aurons une petite chance de créer un précédent qui puisse infléchir la toute-puissance de l’INPI et de sa gouvernance ici insuffisante.

Par ailleurs, si vous avez d’autres exemples, partagez-les, je suis prêt porter le sujet haut et fort.12